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Racisme

Le racisme est un système de théories et de croyances individuelles ou collectives selon lesquelles il existe des "races" dans l'espèce humaine et une hiérarchie entre elles. Les individus sont réduits à un ensemble de critères identitaires considérés comme spécifiques et sur lesquels il est porté des jugements de valeur : inférieurs, nuisibles...

Ces théories servent alors à légitimer des doctrines politiques racistes qui recherchent la domination d'une "race", considérée comme pure et supérieure, sur les autres. Des droits, reconnus à certains, sont contestés à d'autres. Au-delà du sentiment d'hostilité envers un groupe racial, le racisme sert à justifier des entreprises de marginalisation (ghettos), de ségrégation, d'exclusion, d'anéantissement (pogroms), de génocide.

Aujourd'hui, le terme « racisme » tend à qualifier le rejet et la haine de l'Autre du fait de sa différence. Il se voit donc de plus en plus assimilé – voire confondu – à la xénophobie. En réalité, le racisme est une doctrine, une vision du monde qui postule que l'humanité est constituée de plusieurs races irréductibles et inégales entre elles. Cette doctrine est circonscrite dans le temps ; on peut la situer entre la seconde moitié du XVIIIe siècle et le milieu du XXe siècle (en gros : 1945 et la chute de l'Allemagne nazie). (Dictionnaire La Toupie)

Le racisme fut donc un courant de pensée, essentiellement occidental, né au tournant des XVIIIe et XIXe siècles et précipité dans les ruines du IIIe Reich qui en constitua sans aucun doute la manifestation politique la plus aboutie. Il consistait en l'affirmation de la primauté du facteur « race » comme moteur de l'histoire humaine. Selon cette hypothèse, les races étaient multiples, définitives, héréditaires et, bien entendu, inégales entre elles, tant physiquement que moralement. Dès lors, l'histoire des peuples ne pouvait se lire et se comprendre qu'à travers leur appartenance raciale.

La « thèse » de l'idéologie raciste était de postuler une relation de causalité entre critères physiques et caractéristiques psycho-mentales. « Le principal préjugé (...) résidait dans le postulat d'après lequel les races humaines pouvaient être classées sur une échelle linéaire selon leur valeur mentale » (Stephen Jay Gould, La mal-mesure de l'Homme, Odile Jacob, 1997, p.120). Le corps (forme du crâne, couleur de la peau, etc.) devenait le critère objectif permettant d'évaluer la « valeur » d'une « race », sur une échelle au sommet de laquelle était placé le modèle « grec », jugé supérieur (archétype de la race « aryenne »). Plus le « type racial » s'éloignait de ce modèle, plus il était considéré comme « inférieur ».

Bien entendu, ces théories – dont personne pourtant ne doutait au XIXe siècle – ont perdu tout crédit aux yeux des scientifiques contemporains, la raison principale étant que la thèse de l'inégalité des races humaines n'était pas le résultat de l'observation et de l'expérimentation mais était d'emblée considérée comme allant de soi, les expériences et les observations (quand il y en avait) ne devant servir qu'à confirmer a posteriori cette « vérité » (quitte à les manipuler quelque peu pour les faire correspondre avec la thèse de départ).

Mais l'abandon progressif par la science de ces théories au début du XXe siècle n'empêcha pas leur récupération par le nazisme qui en fit le socle de son idéologie et de sa politique. L'État nazi se voulait volkisch, « raciste », et entendait fonder sa pratique politique sur ce corpus pseudo-scientifique : eugénisme, euthanasie des handicapés et des indésirables, guerre des races, élimination de la « race juive », etc.

Aujourd'hui, même si le concept de « race » a été plus ou moins abandonné, la tentation de présenter l'humanité en groupes distincts, homogènes et inégaux entre eux demeure. Cette idéologie d'une « inégalité objective » entre différents groupes humains perdure, notamment dans la vision du monde de l'extrême droite pour qui l'inégalité (des races hier, des cultures aujourd'hui) est un a priori incontournable.